Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

NECKER, MIRABEAU, SÉNAC DE MEILHAN 289

toutes les sympathies de Catherine sont pour eux ; elle consent donc à entrer dans les projets de Sénae, et pour celaelle charge son ambassadeur à Venise de poursuivre l’enquête, et de sonder les vues et le caractère du voyageur ; à lasuite de quoi elle jugera si l'autorisation peut lui être accordée d'écrire l’histoire de tussie.

Une crainte de la souveraiae, qui, sans l'avouer, est flattée de l'offre, est qu’une histoire composée de son vivant ne soit un monument d’éphémère durée. Ce qui Ja préoccupe le plus, c'est que Sénac de Meilhan ne connait rien de la Russie, ni de ses origines historiques, ni de ses mœurs passées ou actuelles, ni même de sa langue. Or, acceptera-t-il d'être guidé dans son travail ? Les Mémoires, les documents ne feront pas défaut à l'historien, ils lui seront même donnés par la souveraine; et comme il faut savoir les interpréter, elle lui indiquera le moyen de s'en servir, et les lui présentera sous le jour qu’elle voudra; il devra accepter l’idée inspiratrice de la Tsarine ; au lieu d'être « l’auteur» d’une histoire de la Russie, il n’en sera que le « rédacteur. » Ce sera l’histoire du règne de Catherine Il par Catherine II que Sénac de Meilhan aura à signer.

Il s’agit donc pour M. de Mordwinof de consulter le voyageur, d'étudier ses dispositions et de savoir s’il se prêtera à ce rôle. Si Sénac de Meilhan a cette souplesse, Catherine ne demandera pas mieux que de le recevoir à Pétersbourg « comme un étranger qui se distingue par son espritet les charges qu'il a occupés. »

Malgré ces précautions, un monument aussi officiel