Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

NECKER, MIRABEAU, SÉNAC DE MEILHAN 291

gard des Français, avant de leur ouvrir les portesde la Russie et de les admettre dans son entourage. La conifiance du temps jadis a fait place à la prudence. Pourra= t-elle diriger M. de Meilhan dans son travail ? A toute époque elle aurait tenu à donner l'impulsion à un ouvrage de cette importance, maisen 1790 elle y tient plus que jamais, car il est désormais devenu nécessaire d'étouffer dans l’œuf tout germe révolutionnaire. Sénac de Meilhan devra dans son histoire de Russie réprimer toute tendan:e réformatriceet se garder de toute approbation libérale qui jetterait dans l’Empire l’étincelle d'incendie.

C’est ainsi que doit être interprétée la pensée de Catherine. Cette lettre remarquable nous fait donc bien voir ce qu'eût été dans l'esprit de la souveraine une histoire de son règne. Catherine aurait fait la part large à Pierre L'" et aux autres fondateurs de l'Empire slave, attribuant à chacun la gloire qui lui revenait ; mais en étant la glorification de son Empire, cette histoire aurait été par contre-coup la glorification de sa personne. Noussavons quelle admiration la Tsarine nourrissait pour Louis XIV. Elle n'aurait pas été fâchée que Sénac de Meilhan éerivit l’histoire du règne de Catherine IL, après avoir lu 16 Siècle de Louis XIV.

Sénac n'avait garde de refuser des conditions qui lui permettaient de se rendre à St-Pétersbourg. Dès son arrivée à Venise, M. de Mordwinof chercha à étudier sori caractère et lui communiqua la lettre desa souverairie. Meilhan remit immédiatement une longue réponse à M.