Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

292 CATHERINE II ET LA RÉVOLUTION

de Mordwinof, qui la transmit à St-Pétersbourg, en y joignant ses observations: « Tout ce qui me reste à « ajouter à la lettre de M. de Meilhan où il s’étend assez « amplement pour satisfaire aux observations de votre « Majesté Impériale, c’est que pendant le peu de jours « que j'ai tâché de pénétrer son caractère, son esprit « me parait assez pliant pour être susceptible à se lais« ser diriger dans le travail aussi important qu'est celui « qu'il désire d'entreprendre. » Et comme M. de Mordwinof sait que Catherine II tient à être rassurée sur les idées politiques du voyageur, il ajoute: « Quant au sys« tème actuel de sa patrie, il pense qu’il ne peut subsis« ter, qu’un enthousiasme aveugle a dirigé tout et que « c’est plutôt une dissolution qu'une rénovation. » Nous savons, en effet, que Sénac de Meilhan, comme la plupart des fidèles de l'Ancien régime, vit bien la dissolution, la destruction, mais n’aperçut jamais la rénovation, M. de Mordwinof rassura donc la Tsarine sur lé caractère suffisamment souple de son futur historien et sur son état d'esprit politique.

Les lettres de Sénac de Meilhan et de M. de Mordwinof parvinrentle 13 décembre 1790 à la Cour de Russie. Dès le 16 décembre, suivant sa coutume de ne jamais laisser sa correspondance en souffrance, Catherine envoie à M. de Mordwinof une nouvelle « pancarte » où elle lui dicte ses intentions.

La passion d'écrire de Catherine II devrait nous porter à croire qu'elle répondit aussi à Sénac de Meilhan. Il n’en fut rien. Elle se contenta de dire à M. de Mord« winof: « Je ne réponds point à la lettre de Sénac de