Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

NECKER, MIRABEAU, SÉNAC DE MEILHAN 293

« Meilhan parce que je sens qu'elle m'entrainera dans « des dissertations sur l’histoire méconnue de la Russie, « matière riche et peut-être chère à mon esprit; je me « réserve de m'en entretenir avec lui s’il persiste dans « la résolution d'entreprendre le voyage de la Russie « qu’il médite. »

Quelques mois sont nécessaires au voyageur pour arriver en Russie; Catherine n'en attend pas moins ces quelques mois avant d'entrer dans ses dissertations habituelles sur une matière quiest «si chère à sonesprit.» C'est que si sa défiance à l'égard de cet étranger, dont elle n’a point recherché les relations, commence à se dissiper, elle n'éprouve encore pour lui que de lindifférence. Puis Catherine n’a peut-être pas trouvé une saveur particulière aux « pancartes » de ce nouveau Ccorrespondant. Pour ces divers motifs, le 46 décembre 1790, ayant déjà reçu deux longues lettres de Meilhan, elle se contente de répondre à M. de Mordwinof en le chargeant de communiquer ses volontés au voyageur.

La souveraine acquiesce au projet de Sénac, mais elle le fait sans phrases et sans empressement. Elle lui envoie par les soins de son ambassadeur 2000 ducats pour les frais du voyage, et elle lui donne l’assurance qu'il sera très libre de se livrer à son goût pour le travail et pour l'étude de l'histoire de la Russie, fraitée comme elle l'entend ou désire qu’elle soit entendue. Cest dire que Sénac de Meilhan sera tout-à-fait libre dans son travail, à la condition de ne voir et de m'écrire que ce que lui commandera l’Impératrice. Catherine cependant,

qui, quelques années auparavant, avait prétendu avoir AO