Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

NECKER, MIRABEAU, SÉNAC DE MEILHAN 295

que. Meilhan avait-il déjà remarqué le peu d'empressement que la Tsarine mettait à l’attirer dans sa capitale ? Toujours est-il qu’il lui en toucha un mot dans sa lettre, car l’Impératrice dans sa réponse du 13 mars débute ainsi : « Je suis fâchée de vous avoir causé quelque « sorte d'inquiétude, cependant je n’ai pas eu d'autre « doute sur votre détermination à venir ici, que celui « que pourrait faire naître naturellement en moi l’état « embrouillé des choses dans votre patrie, lequel ne « saurait qu'influer sur la situation personnelle des in« dividus, et plus particulièrement encore sur celle de « ceux qui ont eu part au gouvernement. » Catherine n'engage pas la discussion avee Sénac de Meilhan à propos de l'opinion qu'il doit se faire de l’Empire de Russie; elle se borne à lui dire : « Je ne vous dirai « rien aujourd'hui au sujet de l’Aëstoire chère à mon es« prit. Ce que vous m’en dites esttrès flatteur pour moi; « je me réserve de vous en entretenir de bouche. » Puis, passant au motif qu’il doit donner de sa venue à Saint-Pétershbourg, elle lui dit de « prétexter de la curiosité d'un voyageur homme de lettres qui est bien aise d'employer son loisir, » et qui, éloigné des affaires par les circonstances, en profite pour venir consulter la bibliothèqueimpériale;richeenmanuserits.Ilpourradire qu'on lui a promis la communication de certains documents pendant son séjour de « quelques mois à SaintPétersbourg. » Et la Tsarine termine ainsi sa lettre, lui traçant le programme de son arrivée dans sa capitale et de sa présentation à la Cour : «Lorsque vous arriverez ici « j'en serai instruite sur le champ, et vous ne vous