Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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saient. Nous savons qu'en 1791 la colère de l'Impératrice a déjà atteint son maximum.

La Tsarine répondit aussi à la seconde lettre de Sénae de Meilhan: « Pour répondre à votre lettre d'hier, «

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qu'on vient de me remettre, je vous dirai que ce que

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j'ai fait j'ai dà le faire: vous êtes venu ici pour moi, « l’état de votre patrie dans ce moment-ci n’est pas tel « que quelqu'un puisse dire : qu'est-ce au juste qu'il y « possède, tandis qu'à Pétersbourg vos dépenses sont & journalières, jesais que tout y est d’une grandecherté. « Par ce que vous me dites de flatteur, vous me faites « plus d'honneur que je ne mérite ; c'est mon sort, on à « dit toujours de moi dans le monde beaucoup plus de « bien et infiniment plus de mal que je n’ai cru méri« ter. Jé vous prierai la semaine qui vient de venir ici, où je vous dirai de bouche ce qui m'a empêché de « vous voir plutôt; j’ai donné quelques jours aux ba« vards pour ralentir leur bavardage. » Catherine prenait done en 1791 certaines précautions pour s’entretenir avec un Français de distinction dont les sympathies politiques n’étaient pas connues dans toutes leurs nuances et pouvaient inspirer quelque doute, C’est qu’en effet Catherine avait déjà pris fait et cause pour les Princes. frères du roi,etles Français émigrés auxquels elle faisait bon accueil ne se cachaient pas pour blâmer Louis XVI dé souscriré aux vœux de la nation ; ils critiquaient tout haut le parlementarisme naissant, et complotaient contre l’ordre de choses établi en France ; l’arrivée du comte Esterhazy à Pétersbourg qui est de 1791 allait donner un nouvel élan à ces menées: La Tsarine prêtait

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