Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

NECKER, MIRABEAU, SÉNAC DE MBILHAN 299

la main à ces projets de contre-révolution ; sans les appuyer d'un concours effectif, elle les écoutait d’une oreille sympathique. Or, elle ignorait à quel parti appartenait Sénac de Meilhan. Il s'était dit royaliste ; elle le savait adversaire de la Révolution ; mais en 1791 ce n'était pas suffisant pour Catherine. Etait-il avec les Émigrés, ou bien penchait-il pour les constitutionnels qui servaient le roi ? Les fonctions que Sénacde Meilhan avait occupées en France et les relations qu’il y avait entretenues permettaient cette seconde hypothèse bien faite pour influencer Catherine, cireonvenue en 1791 par les amis des Princes.

Ce fut au commencement de mai que Sénac de Meilhan eut son premier entretien avec la souveraine. Celle-ci, par une lettre du 16 mai engagele voyageur à lui rendre une nouvelle visite; cette entrevue sera la troisième. Pendant ce temps, à la date du 41 mai, M. Genet, notre chargé d’affaires à St-Pétersbourg, où en ces années orageuses il tenait lieu d’ambassadeur, annonçait à notre rainistre, M.de Montmorin, l’arrivée de Sénac de Meilhan à la cour de Russie, et commentait de la sorte les entretiens qu’il avait eus avec l'Impératrice. « M. « de Meilhan, ci-devant intendant de la ci-devant pro« vince de Flandres, attiré dans cette capitale par les « bontés de l’Impératrice, se propose d’y fixer son sé« jour pendant quelques mois. Il est comblé des grâces « de sa Majesté Impériale et celle à laquelle il attache « le plus de prix est d'avoir fréquemment l'avantage de « lui faire sa cour. J'ai lieu de penser, Monsieur, que cet