Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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nant quelque peu dans le motif apparent de son voyage, pour mieux gagner les bonnes grâces de l’Impératrice. C’est ce qui explique la première impression de Catherine Il : Grimm lui a demandé s’il est vrai que Sénac de Meiïlhan est son historiographe avec 5000 roubles d’appointements ; il veut être renseigné sur les vraismotifsdu voyage de Sénac: « Il esttrès déplaisant d'être toujours questionné et d’avoir toujours à répondre: je n'en sais rien.» Le 13 juin 1791 Catherine répond à son «souffredouleurs » : « M. de Meilhan s’est offert à venir ici comme « homme de lettres, souhaitant de s’occuper de l’his« toire. Jusqu'ici il n'est point à mon service, mais c’est «€ un homme d’une très agréable conversation. Je pense « que dans ce moment-ci il est occupé à faire un plan

« d'histoire. » Ce n’est pas à Grimm seulement qu’elle parle de la sorte. À Meilhan lui-même qui lui a envoyé des notes sur son travail historique, et qui à ces notes a mêlé des éloges et des vers, elle répond par des remerciements. Le premier accueil, sans être chaluureux, a donc été gracieux, et la souveraine se déride de plus en plus, répondant aux louanges par des louanges, et s'ouvrant à Sénac de ce que l’on doit penser et dire d'elle, Le 16 mai 1791, elle lui écrit: « Vous direz qu'une Impéra-

« trice est un très mauvais correspondant et vous direz « vrai; cependant la volonté de vous répondre ne m'a « pas manqué: Voire première lettre du jeudi est char« mante, c'est ce que je voulais vous dire dès le lende« main, mais tant de choses m'en ont empèêchée, que « je vous ennuierais même en les énumérant. Je ne