Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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NECKER, MIRABEAU, SÉNAG DE MEILHAN 303

vous connaissais pas l’agréable talent de faire d'aussi jolis vers impromptus que ceux que vous avez insérés dans votre lettre. Si j'avais profité des leçons du prince de Ligne et du ci-devant comte de Ségur qui se sont donné beaucoup de peine pour m'apprendre à en faire, je vous aurais répondu par quelques strophes ; mais on n’inocuie pas le talent comme la petite vérole. Mon oreille est apparemment fermée à lharmonie, je n’ai pas plus réussi en musique qu'en poésie. Je voudrais être toujours critiquée si toute critique était aussi agréable et tournait autant à mon avantage, que celle que vous faites de ma lettre. Je dois avouer cependant que celle de mes plus grands ennemis, et même le mal qu’il ont cherché à me faire ont souvent Lourné à mon profit. Que ceci ne vous paraisse pas un paradoxe, ce n’en est pas un, j’aitâché à remédier à ce qu’on critiquait quandje l'ai trouvé nécessaire, et j’ai mis mesennemisen défauten opposant à la passion et aux intrigues la vérité etla raison. Vous me reprochez de vous parler souvent de moi-même, mais prenez-en à vous même, qui y avez donné lieu, en excitant mon amour-propre. Je vous prierai.un de ces jours de la semaine qui vient, de venir chez moi, et alors vous me direz ce que vous croyez d’avoir oublié. Vous êtes au reste parfaitement libre, et vous accepterez ou vous n’accepterez pas des titres ou des fonctions. comme il vous conviendra, et vous voudrez bien être persuadé, que je sais apprécier votre mérite et votre esprit. » Sénac de Meilhan avait donc

dans une lettre précédente — sinon dans la conversa-