Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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tion — fait déjà valoir ses titres et ses prétentions à une fonction élevée; et comme l'esprit de la souveraine parait avoir été gagné, il compte arriver à ses fins. Cette «pancarte » du 46 mai n'est que la troisième,et déjà l’Impératrice, avec le ton enjoué de son laisser-aller habituel, regrette de ne pas savoir lui répondre en vers. Il est vrai que les éloges de Sénac de Meilhan ont dépassé toute mesure. C’est le moment où il adresse à la Tsarine le fameux factum de Saint-Pierre de Rome. Catherine IT se moquera bientôt de cette monstrueuse comparaison, mais dans le premier moment elle ne peut que s'en montrer flattée.

Cinq jours après, le 21 mai, Sénac de Meilhan reçoit ce petit mot : « M. de Meilhan vous me ferez plaisir « de venir demain diner ici chez moi; j'ai reçu vos « deux lettres et si je n’y ai pas répondu ce n’est pas « faute de bonne volonté mais de temps. »

CATHERINE.

M. Genet n’a donc pas tout-à-fait tort de trouver dans les visites répétées de Sénac des sous-entendus qui pourraient cacher des complots politiques. Et il a raison des’en préoccuper; mais,mal renseigné, ses suppositions sont mal fondées.

La première impression que Sénacde Meilhan produisit sur l’Impératrice fut donc bonne ; mais elle ne fut pas de longue durée.

Nous venons de parler du célèbre factum où, sous forme de lettre à une amie, Sénac de Meilhan compare Catherine II à Saint-Pierre de Rome. Ce fut le seul écrit