Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

NECKER, MIRABHAU, SÉNAC DE MEILHAN 31

n’est point impossible de deviner pour quels motifs notre compatriote eut le don de déplaire à la grande souveraine. Dans ces entretiens, je le répète, il fut surtout question de l’histoire de Russie ; mais de Meilhan, à ses idées sur le monde slave, mèla beaucoup de conseils et d'offres de services, ainsi que nous le prouvent les lettres de l’Impératrice. Rien ne doit nous surprendre de la part de cet homme qui avait eu en France toutes les ambitions ; Sénac de Meilhan prétendit sur les bords de la Néva au rôle prépondérant qué les événements et les circonstances ne lui avaient pas permis de jouer sur les rives de la Seine, Il lui suffit de deux ou trois entrevues avec l'Impératrice pour lui demander le poste de ministre des finances, puis celui d'’ambassadeur à Constantinople. Ces sollicitations pressantes contribuèrent à le rendre importun et désagréable à la Tsarine ; et celle-ci s’efforça dès lors de l’éloigner de Pétersbourg. Sa lourdeur d'esprit, la manie d’ « endoctriner, » ces demandes réitérees de toutes sortes, tels furent les motifs de la disgrâce de Sénac de Meilhan. Mais si Catherine prend ses dispositions pour ne plus avoir à subir ses manières affectées et prétentieuses. ce n’est point une raison pour lui témoigner brutament le peu d’inelination qu'elle a pour lui. Elle se décide donc à lui faire bon visage, — à distance, — et le 8 juin 1791 elle lui écrit : « M. de Meiïlhan, je vous « prépare une immense réponse à vos écrits d'hier. Il « y a déjà 5 feuilles in-folio de faites : enfin armez-vous « de patience pour lire le fatras dont vous êtes me« nacé. »,