Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

16 LA RÉFORME POLITIQUE ET ADMINISTRATIVE

C'élaient enfin les théoriciens, économistes ou philosophes, du Pont de Nemours, de StuttdeTracy, systématiques, mais sincères el savants, Petion, Robespierre, Grégoire, moins instruits et plus ardents, Barnave enfin!, mêlé par hasard à ce monde colonial et bientôt mené par lui, éloquent et versatile, ambitieux et faible.

Avec ces compétences diverses et sa bonne volonté générale, l’Assemblée était assurément en état d’élucider les problèmes économiques qui allaient se poser devant elle. Elle prit d'ailleurs le parti sage de faire préparer son travail par des Comités composés de spécialistes, à qui toutes pièces et tous renseignements étaient invariablement soumis.

Le Comité spécial des Colonies fut proposé par de Curt, dès le 26 novembre 1789, au nom de toute la députation coloniale. Il devait comprendre 20 membres, mi-partie colons et mi-partie négo-

1. Barnave est ainsi jugé par Engelbert OElsner, qui écrit à la date de mars 1791 : « Üne trentaine d'ambitieux, notoirement anciens courtisans pour la plupart, cherchent per fas et nefas à mettre sous leur domination la municipalité de Paris, le général et la majorité de l’Assemblée nationale... Ils se sont glissés aux Jacobins. Comme leur avantage exige qu'ils restent dans les coulisses et que, sauf les frères Lameth, ils ne comptent guère parmi eux de talent saillant, ils ont su procurer à Barnave une réputation incroyable... Ce jeune homme a un esprit pénétrant, une grande facilité d'élocution, beaucoup de méthode. La variété des connaissances et la maturité des vues politiques lui font également défaut... » (Rev. hist., septembre-octobre 1897, p- 90-104).