Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

84 LA RÉFORME POLITIQUE ET ADMINISTRATIVE

incroyablementaugmentés depuis quelquesannées, de semer ces erreurs et les apôtres de la philanthropie d'établir leurs dogmes pernicieux. Y parviendrons-nous ? Nous sommes si divisés !... On nous annonce des malheurs plus grands au premier de lan, qui est, comme vous savez, une espèce de saturnale dans la colonie... Il arrive très peu de navires de France, et nous serions aux plus grandes extrémités sans le secours des Américains qui nous fournissent de la farine et des vivres; tous les autres articles de consommation journalière sont hors de prix : la denrée, par contre, est à vil prix, surtout le coton... Les dernières nouvelles de France sont du 24 septembre. Nous attendons avec impatience. On nous dit une foule de choses extraordinaires !. »

Toutefois les blancs propriétaires avaient reçu en partie satisfaction. Non seulement ils étaient représentés dans le Parlement métropolitain, mais ils avaient obtenu ou arraché le droit de former des assemblées de paroisse et de district. C’est de là précisément que vint le mal.

A la Martinique, l'Assemblée de Saint-Pierre, réunie en novembre 1789 ?, composée de 120 membres, se mit à légiférer audacieusement. Elle créa des municipalités, abolit les taxes, ouvrit pour quatre mois les ports de l'île aucommerce étranger, organisa une milice coloniale. Le gouverneur de Viomesnil refusa de sanctionner ces empiètements, et

1. Arch, nation., Dxxv, cart. 85. 2. Cf. Rapports de Goupilleau et de Grégoire, 2 mars 1790 (Arch. parlem., XII, 2-13; Proc.-verb., n° 217, p. 3-5, t. XIV).