Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

LA DÉCISION 94

rapports avec la métropole, de prendre des résolutions pour assurer l’approvisionnement etrendre la prohibition juste et modérée, si on la maintient, enfin de désapprouver la fausse extension que l’on a donnée à quelques-uns des décrets et de déclarer que l’Assemblée nationale n’a rien voulu changer dans les colonies: « Le salut public, ajoute-t-il, et l'humanité même offrent des obstacles insurmontables à ce que vos cœurs vous eussent inspiré. »

Le mot était lâché. Barnave sacrifie la théorie aux circonstances, la liberté aux commerçants, lhumanité aux colons. Etait-ce le même homme qui avait dit des victimes du 14 juillet : « Leur sang était-il donc si pur?» Mais n'est-ce pas le même qui avait, dès le 5 mai, offert ses services à la reine, si elle voulait se résigner à la monarchie constitutionnelle, et qui venait, le 18 novembre, de faire restreindre le droit d'éligibilité en le soumettant à une résidence de deux ans? L'esprit de réaction le hante déjà, puisqu'il n'hésite pas à faire au droit sa part géographique. Il mérite dès ce moment la qualification « d’homme à deux visages », qui lui sera donnée plus tard.

Le décret manifeste les mêmes tendances. Comme le projet de l'hôtel Massiac, il établit des assemblées primaires et de colonie; il les autorise à faire connaître leurs vœux sur la constitution, la législation et l'administration ; il promet une ‘instruction fixant les principes généraux des rapports qui doivent exister entre les colonies et la métropole ; il reconnaît les assemblées déjà for-