Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

92 LA RÉFORME POLITIQUE ET ADMINISTRATIVE

mées sous la réserve d’une nouvelle confirmation, et il amnistie leurs écarts ; il réserve l’examen du régime prohibitif ; et enfin il déclare criminel de lèse-nation quiconque travaillerait à exciter des soulèvements contre les colons !.

Barnave, il faut le reconnaître, sut enlever le vote et gagner les sympathies de l’Assemblée. Celle-ci avait été bien préparée par les colons, qui avaient beaucoup de parents et d’amis dans la noblesse?, beaucoup de co-intéressés dans le tiers état. La coalition de l'intérêt et de la haine suffit pour assurer une majorité à de semblables propositions, qui conlenaient d’ailleurs assez d'esprit nouveau pour rallier quelques doctrinaires. On fit à l’orateur une véritable ovation, et l'impression de son discours fut ordonnée. En vain Mirabeau et Pétion, plus exigeants, essayèrent-ils de rappeler les principes de la Déclaration des Droits ; on refusa de les entendre. Le décret fut volé sur l’heure, sans discussion, et l'instruction réclamée dans le plus bref délai. Dillon put même obtenir l'envoi d'urgence, et l'application immédiate d’une décision, qui, déclara-t-il, assurait le salut des colonies ?.

1. V. le texte, Appendice VI.

2. Cf. Gouy d’Arsy, Confession et Lettre à ses commettants.

3. Il se produisit, à ce propos, un incident qui mérite d'être signalé. À peine le vote fut-il acquis que le secrétaire Guillaume donna lecture d'une correspondance envoyée de Nantes et provenant de Port-au-Prince, des Cayes et de Saint-Louis. D'après elle, l'ordre le plus complet régnait à Saint-Domingue, les troupes avaient prononcé le serment civique et la récolte des sucres était très abondante... Ces nouvelles optimistes eussentelles été communiquées si les colons n'avaient recu satisfaction ?