Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

LA DÉCISION 99

la discussion et échouer la loi. Mais elle fut écartée d'un commun accord.

Les uns, comme Clermont-Tonnerre, affectèrent de ne parler que des nègres esclaves et combattirent la prétention des colons par une raison d'équité électorale : compter les esclaves serait faire pencher la balance au profit des propriétaires. Les autres, comme Grégoire etles Amis des Noirs, se contentèrent d'une assurance verbale donnée par l’un des députés coloniaux, bien que désavouée par les autres et en prirent acte habilement.

Les rédacteurs de l'instruction, n'osant pas aborder de front la difficulté, avaient peureusement imaginé une formule à double entente, qui les tirait d'embarras et réservait la question. Ils accordaient les droits civiques « à tout propriétaire âgé de vingt-cinq ans ». Mais beaucoup de mulâtres étaient propriétaires ; entendaït-on les rendre électeurs etéligibles ?.. Grégoire voulutdissiper l’équivoque. « Je craignais, dit-il, que l’article 4 ne laissât quelques doutes. Mais les députés des colonies m'annoncent qu'ils n'entendent pas priver les gens de couleur de l’éligibilité. » Précisant devant les protestations de Cocherel, il désigna Dilion comme l’auteur de cette importante déclaration. Ge dernier ne nia pas; il affirma, au contraire, que l'instruction, comme le décret, était bonne de tous points, et il se joignit à Barnave pour en demander le vote immédiat.

Que n’eut-on la sagesse de vider ainsi une question irritante ! Mais les colons de Saint-Domingue et le Comité colonial, influencé par eux, vou-