Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

102 LA RÉFORME COMMERCIALE

cée immédiatement après le décret du 8 mars 1790, elle ne sera achevée que le 22 septembre 1791, peu de jours avant le nouveau statut sur les colonies. Mais elle n'est pas marquée du même esprit de rédaction. Victorieuse comme partout, l'idée révolutionnaire s’y établit fortement et garde ses positions. Les intérêts n'étaient pourtant pas moins contradictoires. Nord contre Midi, villes d'industrie contre villes de commerce, ports privilégiés contre ports de droit commun, nalion contre fisc, partout s'élevait le conflit et s’agitaient les passions. Nous en avons, plus haul!, donné un aperçu ; mais il nous faut entrer dans plus de détails.

Le commerce de l'Inde, qui va provoquer de longs débats et fournir l'occasion de la réforme, avait été, nous l'avons vu, confié à une compagnie privilégiée; ce retour à une injustice très décriée avait été accompagné d’un agiotage audacieux, que Mirabeau avait courageusement dénoncé en 1787*. L'abbé d'Espagnac, grand-vicaire du diocèse de Paris, de concert avec l'ancien notaire Barroud, le comte Senelf, le sieur Pyron, agént d’affaires du roi, et quelques autres, avait formé un syndicat d'accaparement, qui, de septembre 1786 à mars 1787, s'empara des 40.000 actions de la nouvelle Compagnie et des 5.653 restant de l’ancienne. Il était en mesure, à la veille de l'échéance de mars, de jeter sur le marché, au prix de 1.600

4V, ch. 1,22. 2, Dénonciation de l'Agiotage à l'Assemblée des Nolables, 20 fé vrier 1787, broch. in-8°, vx, 144 p.

cmt farai st. LE.