Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

CONFLIT COMMERCIAL ET ENTRAVES DOUANIÈRES 103

livres, tout ou partie de ces actions souscrites par les négociants ; il pouvait ruiner toute la place de Paris. On put heureusement le prévenir. Le 21 mars, Calonne le força à signer un consentement à la liquidation de ses actions par commissaires royaux et commit à cet effet les banquiers Haller et Lecouteulx de la Norraye. Il fallut que le roi leur donnât une provision de 12 millions, moitié en argent et moitié en assignations. L'abbé d'Espagnac fut puni de l'exil, le 3 avril; mais sa scandaleuse opération imposait à l'Etat une dette qui n'élait pas encore liquidée en septembre 17911. L'irritalion causée par cette tentative de chantage n'était pas encore calmée en 1789; le crédit de la Compagnie en souffrit gravement et aussi le commerce de l'Inde, qu’elle représentait.

Ce commerce avait de tout temps divisé les négociants de France en deux camps ennemis. Son utilité fut contestée dès le temps de Colbert ; elle va l'être plus chaudement encore à la Constituante. Les uns disaient qu'il exigeait une très forte avance en numéraire, parce qu'il fallait faire deux envois pour un retour, el que ce numéraire était perdu, parce que les Hindous ne s'en servaient pas pour acheter les produits européens et l’enter-

4. Cf. le Rapport de Camus sur toute cette affaire (séance du 17 septembre 1791; Arch. parlem., XXXL, 58-71; Proc.-verb., n° 769, t. LXXI, annexe avec P. J , p. 1-59). — L'abbé d'Espagnac, revenu d'exil, présenta à la Constituante, le 12 décembre 1789, un plan de banque qui fut accueilli avec faveur (cf. Moniteur, n° 113). [1 fut jacobin, devint fournisseur des armées, fut condamné et exécuté avec les Dantonistes,