Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

10% LA RÉFORME COMMERCIALE

raient avec eux, Mais les négociants de Carcassonne, Bordeaux, etc., répondaient que ce numéraire sortait d'Espagne et non de France et qu'il servait à solder une vente de 8.000 pièces de draps du Languedoc. Les 15 millions de piastres que l'on portait aux Indes! représentaient non une perte, mais le montant de l'exportation pour l'un de nos principaux produits manufacturés ?.

Les retours de l'Inde, disait-on encore, causent le plus grave préjudice aux manufactures nationales et même aux colonies d'Amérique.

L'industrie du coton, par exemple, occupe 110 villes en France, dont 59 situées au nord de la ligne de la Loire*. Il entre en France, par Marseille, 3.800.000 livres pesant de cotons en laine venantdu Levant, 1.800.000 par Nantes, Le Havre ou Rouen, venant des colonies, et notamment de Cayenne et de Saint-Domingue. En 1787, la valeur des importations en coton brut a été de 16.494.000 livres. Or l'importation des étoffes de coton a été, en cette même année, de 13.448.000 livres, comprenant mousselines, garats, guinées, siamoises, nankins, ele. Qui fournit ce stock de produits, dont le fini et le bon marché défient toute concurrence et avilissent les produits similaires de France ? C’est l'Inde et la Chine, dont le trafic est privilégié et qui ont à Lorient un entrepôt obliga-

1. Sur un total d'exportations de 17 millions.

2. Chiffres de Peuchet, Dictionnaire de la France commerçcante, art « France », IV, 436.

3. V. l'énumération dans Peuchet, loc. cil., p. 263.

4. Alnould, Tableaux de la Balance du Commerce.