Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

LES TROUBLES ATA

nationale de son décret du 8 et prèter le serment civique. Mais ces sentiments n'étaient pas ceux des colons de l'ile. L'assemblée coloniale provisoire était en majorité composée de ces aristocrates, «qui doivent plus qu'ils n’ont de bien et entretiennent le désordre pour ne pas payer, qui se croient presque tous nobles, quoique plusieurs soient de moins que rien! ». Cette assemblée, naguère en conflitavec le gouverneur de Viomesnil?, accueillit mal le décret et revendiqua très haut l'autonomie législative. Elle ne devait pas cependant se montrer si arrogante, car ses pouvoirs furent infirmés, dans le vote de confirmation, par 19 paroisses sur 273. Mais elle passa outre, avec la connivence

1. Lettre d’un habitant de Saint-Pierre, du 19 avril 1790; Arch. nation., Dxxv, cart. 85.

2, V. plus haut, chap. m1.

3. Lettre écrite de Saint-Pierre à Barnave, 30 juin 1890; Arch. nation., Dxxv, cart. 85.

Voici cette lettre qui est intéressante par la critique autant que par les renseignements qu'elle contient : « Les instructions du 28 mars sont votre ouvrage, Tout y est très bien, sauf l'article qui laisse les Assemblées existantes maîtresses de prononcer que la continuation de leur activité est avantageuse à la colonie et subordonne néanmoins leur jugement à celui des paroisses. C'est renouveler nos querelles. Il fallait dire : « A la réception du présent décret et instructions, toute assemblée qui ne sera pas généralement reconnue sera dissoute, et il sera procédé à de nouvelles élections sur les bases suivantes : » L’Assemblée de Sainte-Lucie, la mieux formée et respectée, s'est dissoute d'elle-même. L'Assemblée de la Martinique, détestée de tous, formée d'aristocrates qui ne se cachent même pas, condamnée par 19 paroisses sur 27, continue et s’est déclarée avantageuse à la colonie. Elle à commis des excès contre la ville de Saint-Pierre, le 3 juin, contre un capitaine bordelais et trois passagers qui s'étaient présentés en uniforme national et qu'on a forcés de quitter leur habit. Je vous préviens, Monsieur, que les esprits sont très agités, et que, si vous ne venez pas au secours