Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

LES TROUBLES 173

lation se rua sur les noirs, enrégimentés ou non, et en fit un grand massacre. La municipalité créa aussitôt un tribunal prévôtal pour connaitre de ces faits ; mais Damas refusa de le sanctionner. Bien plus, à la requête de l’Assemblée coloniale, il marcha contre la ville rebelle et s’en empara sans résistance, le 3 juin. Suivant l'expression de Barnave, « il rétablit les choses dans l’état où elles étaient avant la Révolution ». L'affaire de la FêteDieu fut portée par lui devant le sénéchal de FortRoyal, puis évoquée devant le Conseil supérieur ; de nombreuses arrestations furent opérées, et les accusés embarqués pour la France. L'Assemblée coloniale, constituée sur les entrefaites, renchérit sur ces rigueurs. Satisfaisant à la fois ses rancunes et ses visées d'autonomie, elle destitua tous les officiers d'administration, même l’intendant Foulon, qu’elle accusait d’avoir pactisé avec SaintPierre, et elle ordonna leur embarquement!. Elle s’attribua, par suite, tous les offices et s’érigea en « corps administratif ».

A ce moment un revirement se produit. La garnison de Fort-Royal, éclairée sur la situation par les prisonniers, change d’attitude etse déclare contre l'Assemblée coloniale. Elle arbore le pavillon national et se met aux ordres de la municipalité de Saint-Pierre. Les prisonniers sont délivrés, et l’Assemblée coloniale, chassée de Fort-Royal, estréduite

1. Communication du 16 octobre 4790 ; — Arch. parlem., XIX, 610; Proc.-verb., n° 443, p. 16-17, t. XXXIV, analyse de la plainte des officiers d'administration et réponse textuelle du président Merlin (de Douai).