Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

200 LA CONSTITUTION COLONIALE

sous-officiers, présentés par le commandant de la garde nationale!

Tout cela formait un ensemble législatif assurément libéral. Ne l'était-il pas trop? On ne peut nier que, dans le cas d’un conflit avec la métropole, les colonies, qui lèvent une garde nationale et contrôlent les troupes actives, pouvaient faire de vive force leur séparation. Mais pourquoi l’eussentelles désirée? Un régime de douceur retient bien plus sûrement qu'un régime de rigueur ; l'exemple de l'Angleterre et de l'Espagne le prouve surabondamment. Les colons d'alors n'auraient trouvé, sous la domination anglaise ou espagnole, aucun des avantages que la France offrait ; aucune législation commerciale n’eût été plus respectueuse de leurs droits et plus soucieuse de leurs intérêts. L'expérience en sera faite, d'ailleurs, et, sans aucun doute, le régime de 1791 contribua beaucoup plus, malgré les surprises et les dissidences, à conserver ou ramener les colonies à la France que les troupes ou les dictateurs envoyés à toute occasion. Nous irons même plus loin, et nous oserons affirmer — à charge de le démontrer plus tard — que les dissidences et les surprises ne se seraient pas produites si la Constituante, mal inspirée par Barnave, n'avait sur un point, manqué de libéralisme. La seule chose à reprendre dans l’acte du 15 juin est l’article qui mesure le droit révolutionnaire aux colonies (tit. I, art. 6). On ne fait pas roit sa part; dès qu'il est reconnu, il est dû

NL, 2 3, art. 1-12.