Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

210 L'ÉTAT DES PERSONNES

tiques à la deuxième génération, c'est-à-dire aux quarterons. » Deux jours après, il présenta un mémoire, dans lequel il demandait : la liberté pour l'enfant d'une négresse et d’un blanc ; les droits civiques aux hommes de couleur actuels ; l'abolition de la traite!. Le 7 septembre, le quarteron Ogé, qu'attendait une tragique destinée, fut à son tour introduit devant la Société et remit un mémoire semblable au précédent. Enfin, le 9 septembre, ce fut de Joly, avocat aux Conseils et secrétaire des représentants de la Commune, qui se présenta avec une députalion de l’Assemblée des mulâtres résidant à Paris?. Après avoir for-

1. Proc.-verb.; Arch. nation., Dxxv, 85.

2. De Joly (1155-1837) était alors avocat aux Conseils. Il était déjà mêlé au mouvement politique : en 1789, il est secrétaire des représentants de la Commune; en 1790, lieutenant du maire de Paris, puis secrétaire-greffier de la municipalité, titres différents d'une même fonction, qui le montrent comme le représentant de Bailly, de Lafayette, et par suite de la Société des Amis des Noirs. C’est chez lui, rue des Juifs, ou dans son cabinet de secrétaire que paraît se réunir la Société des Gens de couleur libres, dont il est le président. 11 deviendra avoué près le tribunal de cassation en 1192, puis ministre de la Justice, 3 juillet 1792 (cf. Brette, Convocation des Elals généraux, 11, 346, et Révolution, octobre et novembre 1895). — Le procès-verbal de la Société Massiac (Arch. nation., Dxxv, 85) ne nomme pas les mulàtres qui l’accompagnent ; mais ce sont vraisemblablement les mêmes qui ont signé l'adresse que de Joly lira, quelques jours après, à l'Assemblée nationale, Raimond, Fleury, Audiger, Laforcade, du Souchet l'aîné, Ogé jeune, de Vauréal, le chevalier de Lavit, Lasnon, Hellot, Honoré, Poizat, La Source, « commissaires ». De Joly est qualifié « commissaire député, nommé à cet effet » ; il serait donc l'un des députés élus par les mulâtres et dont ils demandérent l'admission le 22 octobre 1789. — Dans l'Exfrait du Procès-verbal de l'Assemblée des Ciloyens libres el Propriétaires de couleur constiluée sous le litre de Colons américains (Arch. colon., coll. Moreau de Saint-Méry, t. CXXIV), on voit que la rédaction du