Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

66 LA RÉFORME POLITIQUE ET ADMINISTRATIVE

Mais que leur importait ? Il était visible pour tous que le tiers état sortirait vainqueur de la lutte engagée contre les ordres privilégiés et la cour déjà résistante. Bien que nobles, et pour la plupart imbus des préjugés de noblesse, les nouveaux députés coloniaux n'hésitèrent pas à suivre le tiers état danstoutes ses manifestations. [ls assistèrent presque tous ! au Serment du Jeu de Paume, et de Gouy d'Arsy saisit l’occasion pour faire cette solennelle déclaration : « La colonie de Saint-Domingue était bien jeune quand elle s’est donnée à Louis XIV; aujourd'hui, plus brillante et plus riche, elle se met sous la protection de l'Assemblée nationale ?. »

Peut-être cette soumission n'était-elle pas bien sincère : on tâchera plus tard de la restreindre. Mais elle était toute naturelle en ce jour de confance et d'enthousiasme : elle était la récompense de l'initiative prise par le tiers état dans la question de la représentation coloniale.

Le 4 juillet, à propos d’une requête adressée le 29 juillet par la Société Massiac *, la discussion s'engagea sur le nombre des représentants que

et le procès-verbal de la noblesse mentionne l'entrée des députés de Saint-Domingue et le dépôt sur le bureau de leurs pouvoirs (V. Brette, I, 301.)

1. Cf. Brette, le Serment du Jeu de Paume (Charavay, 1893, in-8°) et la note ci-dessus.

2. Cf. Confession. :

3. Les colons de la Société Massiac disent eux-mêmes, dans une lettre adressée aux colons de Bordeaux,le 7 septembre (cf. Proc.-verb., 1 septembre; Arch. nation., Dxxv, 88), quels senti ments ont dicté leur requête : « Il n’est personne parmi nous qui ne pense que notre île aurait dù se borner à envoyer des