Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

70 LA RÉFORME POLITIQUE ET ADMINISTRATIVE

Société des Amis des Noirs, dont Mirabeau n'était que le porte- -parole”.

Il y avait, du moins, un point acquis : le principe de la représentation des colonies dans le parlement métropolitain. C'était une innovation presque audacieuse; aucun théoricien ne l'avait réclamée ; aucune puissance européenne ne l'avait admise. Elle était la simple application du principe dé la souveraineté nationale et de l'égalité de tous les citoyens devant la loi. Elle était aussi, il faut le remarquer, une importation américaine. Dès 1754, en effet, l'illustre Franklin avait nettement formulé l’idée : « Les colonies, écrivait-il ?, n'ont point de représentants dans le Parlement ; les forcer à payer des impôts sans avoir obtenu leur consentement, ce serait les traiter en pays conquis. Pour rendre intime l'union des colonies avec la Grande-Bretagne, il faut leur donner des représentants dans le Parlement... Ce n'est pas que je me figure qu'on accorde aux colonies un nombre assez grand de représentants pour qu'ils puissent, par leur nombre, peser fortement dans la balance ; mais ils pourraient, du moins, parvenir à faire étudier avec plus d'impartialité les lois qui concernent les colonies... » (Ces raisons sont à peu près toutes celles que l’on peut faire valoir en faveur du principe, et la Constituante n'avait qu'à leur donner la forme philosophique qui lui est

1. V. de Gouy d’Arsy, Confession, 15 septembre 1791.

2. The works of Benj. Franklin with notes and a life of {he author, by Jared Sparks (Boston, 1836), t. [Il, p. 62-68; lettres du 417, 18, 22 décembre 1754.