Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

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LE PREMIER CONTACT 71

propre. Ainsi une idée anglaise, repoussée par l'Angleterre, qui avait eu d’ailleurs à s’en repentir, était accueillie en France d’emblée et comme d'enthousiasme. L'Assemblée obéissait en cela assurément à son tempérament rationaliste et à son amour de la justice ; mais l'exemple de l’Angleterre était une leçon qui ne laissa pas sans doute d'influer sur la décision.

La mesure était, au reste, aussi sage que juste. Elle changeait du tout au tout les rapports de la métropole avec les colonies. Celles-ci cessaient d'être le champ d'exploitation à outrance que voulait le pacte colonial, et elles devenaient réellement une partie du domaine national. Les colons cessaient d’être les victimes muettes du commerce métropolitain et devenaient les concitoyens des commerçants, discutant avec eux leurs intérèts rivaux ou solidaires, concourant à l'examen des lois communes, ayant part à la liberté et à l’égalité. La Constituante n'hésita pas dans l’application du principe. Les plus importantes des colonies, au fur et à mesure de leurs demandes, obtinrent des députés.

Le 22 septembre 1789, sur le rapport de Barère!, l’Assemblée attribua 2 députés et # suppléants à la Guadeloupe. Après un choix entre les 6 dé-

1. Arch. parlem., IX, 103 ; Proc.-verb., n° 81, p. 20-21, £. V; Brette, I, 306.