Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

122 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

LXI. — À R. Lindet. Le 27 mars 1790.

[I1 entretient son frère de questions relatives au mémoire de M. d’Ambert et des divers mémoires de la municipalité de Bernay.|

M. le duc d’Aïguillon s’est justifié. Le côté des noirs avait beaucoup applaudi en voyant son nom dans la liste; il n’a pas également manifesté sa joie en écoutant sa justification. Les héritiers de feu M. le duc d’Aiguillon ne sont pas son fils, mais ses créanciers, qui ont fait des arrangements avec la veuve, et M. le duc d’Aiguillon d'aujourd'hui, — en vertu desquels celui-ci ne touche point à la succession, et n’en connaît point.

Encore une affaire à Marseille : un courrier extraordinaire apporte la nouvelle qu'un officier a insulté la garde nationale. Il a répété l’insulte, et l’a défiée avec un combat avec les troupes de ligne. La municipalité s'est assemblée. Une députation des troupes l’a assurée de sa fidélité et de son attachement. On a verbalisé : l'officier, peut-être repentant, peut-être voulant insulter de nouveau la municipalité, s’est rendu à l'Hôtel de Ville. Le peuple s'est ébranlé, l'Hôtel de ville a été envahi : on a caché le coupable dont on voulait faire justice. Marseille, avec ses 24.000 hommes de gardes citoyennes, et 6.000 des villes voisines ses alliées, déclare qu’elle ne les craint pas, mais qu’il faut les retirer. Entretenir des troupes à Marseille, dit M. de Mirabeau, c’est entretenir un foyer à côté d’un magasin à poudre.

Bien des gens croient pouvoir introduire la procédure par jurés, en matière civile et en matière criminelle.

P. S. — Le baron de Menou vient d'être nommé président. On avait essayé de l’inculper en lui attribuant