Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE (2 AVRIL 1700) 125

d’hui, M. de Noës et moi, pour faire agréer notre offrande patriotique.

L'affaire de l'émission des assignats devait être traitée aujourd’hui, elle ne le sera pas. Les me à Comités ont encore besoin de conférences.

Le privilège de la Compagnie A Indes va probablement expirer aujourd'hui. L’abbé Maury, en plaidant sa cause hier, lui a donné le coup de grâce. Il parla quatre ou cinq heures au milieu des applaudissements de son parti : il fut aisé de démêler que le triomphe finirait mal. Les contradictions multipliées n'étaient rien pour un orateur qui y tombe fréquemment, même le sachant bien. Je ne sais quel ministre, ou quel commis de concert avec Maury et Cie, avait livré des mémoires fournis par M. Dupont en 1774 à M. de Calonne, et les lettres de cet honnête homme, qui fut en butte aux plus violentes déclamations, pendant plusieurs heures, par des lectures mutilées. M. Dupont, dès l'ouverture de la scène, demanda à démentir M. l’abbé Maury: l'expression énergique parut dure et lui attira de violents orages. Ceperdant il obtint de faire lire, en entier, une de ses lettres produites par extrait. M. Maurÿ et son lecteur furent déconcertés. Les applaudissements changèrent de côté. A la fin du discours de M. Maury, M. Dupont monta à la tribune, se plaignit de l’abus de confiance par lequel les pièces lues étaient tombées dans les mains du préopinant, du délit par lequel on avait trahi un des plus importants secrets de l'État, et prouva que celui qui en était capable ne méritait pas le nom de citoyen français. Il développa, en peu de mots, le plus beau projet qui pouvait être proposé à un ministère de ce temps-là. Le bon M. Dupont fut amplement dédommagé d’avoir gémi trois ou quatre heures sous les coups d’un vil calomniateur, et d’avoir servi de but aux insultes et à la dérision de ses adhérents : ils ne voulurent pas être témoins de la révolution — ils n’aiment pas ce mot-là — ils s'enfuirent et