Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

142 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

obligeant l’ancien seigneur de fief à se rédimer lui-même entre les mains du suzerain,en remontant tous les degrés de l’ancienne échelle féodale.

Si cette disposition ne pressait pas, le décret paraitrait l'ouvrage des seigneurs tournant leurs vassaux en dérision. Quelle que soit la disposition relative à cet objet, je crois qu’on regrettera encore que le décret ne soit favorable qu'aux riches propriétaires.

P.-S. — Comme il serait possible que mon frère füt actuellement à Évreux, et qu'il eût besoin des résolutions que j'ai l’honneur de vous adresser, je vous prie de les lui faire parvenir.

Dans le cas où il serait absent, je dois aussi vous prévenir d’une de mes craintes, et vous prier d’agréer que je vous indique une mesure à prendre, le cas arrivant. Le haut clergé est toujours en mouvement, il médite des projets de protestations, etc. Il serait possible que les évêques adressassent des mandements, lettres pastorales, instructions, pour être lus aux prônes. Je me tiens bien assuré de la prudence et des vues patriotiques de MM. les vicaires, et de MM. du clergé de ma paroisse. Cependant, je crois devoir leur épargner le danger de se compromettre avec leur évêque, soit par rapport à eux, soit par rapport aux personnes qui leur appartiennent, et sur lesquelles les personnes qui croiraient leur autorité lésée pourraient avoir occasion d'exercer quelques vengeances particulières. Je crois qu’il est de mon devoir de concentrer l'orage sur moi seul, et de leur épargner, autant qu'il est possible, les désagréments d'un ministère d’ailleurs assez pénible. En conséquence, je vous prie, si vous étiez informés de l'envoi d’écrits dont la lecture vous paraîtrait préjudiciable à la chose publique, de vouloir bien, après en avoir pris connaissance, en défendre la lecture et publication, sans requérir une communication officielle de la part de MM. les ecclésiastiques de ma