Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

144 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

commencement de la séance, et comment il avait cru pouvoir le prêter.

La maladresse du rédacteur de la formule a prêté au président une distinction jésuitique : il a dit qu'il avait juré n’avoir rien écrit, ni fait, ni signé, contre des décrets sanctionnés, mais il a avoué qu'il avait signé des actes, qui improuvaient des décrets sanctionnés actuellement, mais qui ne l’étaient pas lors de sa signature. On n’a point encore vu, sinon parmi les prosélytes, la protestation signée par ces messieurs — on dit, au nombre de cent trente-quatre — qui est déjà envoyée dans les provinces.

M. de Virieu a été forcé de quitter la place de président, pendant qu'on discutait son affaire. Il a été maltraité des deux côtés. Après trois heures de question extraordinaire, on a réduit le tout à la question préalable, et il a été jugé qu’il n’y a pas lieu à délibérer. M. de Virieu, comme on s’y attendait bien, a remonté au fauteuil pour donner sa démission et lever la séance. Demain, il y aura encore quelque débat pour accepter la démission; mais je doute que le brave champion veuille reparaître dans l'arène, sûr d’être vilipendé par son parti et malmené par le parti opposé. (Papiers R. Lindet.)

LXXIV. — À R. Lindet, Paris, le 27 avril 1700.

La torpeur s'empare de l’Assemblée : elle faiblit singulièrement. La lassitude est présente dans les décrets. Celui du rachat des droits féodaux continue de se faire à tâtons. Il deviendra un chef-d'œuvre d’absurdité, si un coup de main dernier n’en fait pas une opération de finance; et ce sera sans qu’on s’en doute, du moins pour le plus grand nombre. Je me souviens de vous avoir fait cette observation.

[Il indique à son frère les précautions à prendre pour empêcher la lecture, dans la chaire de Sainte-Croix, de man-