Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE (5 MAI 1790) 147

parmi les signataires d’une déclaration d’une partie des membres de l’Assemblée nationale sur le décret du 13 avril concernant la religion. Je suis persuadé que vous me faites la justice de penser que je suis aussi fortement attaché à la religion catholique que ceux qui ont cru devoir protester contre ce décret.

Je ne vois point, comme le chapitre de Paris, dans les projets de suppression des bénéfices inutiles, ni dans la réduction du nombre des pasteurs nécessaires, ni dans l'assignation d’un salaire aux ministres du culte, la subversion, la ruine et l’anéantissement de la religion. Je ne vois point d’atteintes portées à la religion, ni aux droits essentiels du clergé de France.

11 est de l’essence du clergé d’être utile; et tous les membres inutiles peuvent en être retranchés sans léser les droits essentiels. La puissance temporelle n’a point le droit de conférer ou de détruire le caractère sacerdotal; mais elle a le droit de fixer le nombre et de choisir les ministres qu’elle autorise à exercer publiquement leurs fonctions, et qu’elle veut salarier pour l'entretien du culte.

Dans les premier temps de l’Église, les princes paiens, ses persécuteurs, ne se mêlaient pas de sa police intérieure; l’ordination des ministres et leurs fonctions étaient clandestines; mais, dans un État où la religion catholique est adoptée, la puissance temporelle a le droit de veiller sur la manière dont elle est administrée, d'en régler la dépense, de réprimer les abus qui s'y introduisent. Le sacerdoce devient une espèce de magistrature dont la société doit surveiller l'exercice, modérer les frais et circonscrire la juridiction.

Je suis éloigné de penser que, dans aucun cas, le zèle pour la religion doive servir de prétexte pour troubler la tranquillité publique. Il est des moments où l’orateur qui plaide la cause de sa religion est suspect d’être dirigé par son intérêt particulier, et alors il n’est pas écouté. Le moment où la nation demandait des sacrifices au clergé