Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

150 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

nale. On a lu le procès-verbal de la municipalité; on a beaucoup applaudi au jugement favorable qu’ils portent sur leur archevêque, guoiïqu'ils ne l'aient presque pas vu. Une partie de la salle s'est permis des éclats de rire au récit des fureurs de quelques factieux, qui ont brûlé deux amorces pour que le coup partit. Cette indécence a provoqué l’indignation et quelques sarcasmes. Le saint archevêque, qu’on n’a presque pas vu dans son diocèse, a été interpellé de parler ; cette interpellation l’a engagé à sortir, mais il est rentré bientôt après, pour réciter la leçon que quelqu'un lui a faite. I1 a dit que l'affaire lui était étrangère, qu’il ne la connaissait que par des relations, qu’il ne voyait ni corps de délit, ni accusateurs, ni accusés, et que son opinion était qu’il n'y a pas lieu à délibérer…

Les ouaïlles de Monseigneur l'archevêque sont poursuivies, l'épée et la baïonnette dans les reins : on les fusille ; heureusement on les manque; cela ne vaut pas la peine de délibérer, suivant ce saint homme. En effet, si ce sont les ennemis du clergé qui sont tués, ils le méritent bien, on ne peut trop se hâter de s’en défaire ; si ce sont ses amis, ce sont des martyrs qui ont droit au paradis, il n'y a rien à risquer. L'Assemblée n’a point jugé comme le prélat : elle a approuvé la conduite de la municipalité et de la garde nationale, et renvoyé au Comité des recherches le reste de l’affaire, notamment l'annonce revêtue de l'approbation du grand vicaire de mon jadis Seigneur l'archevêque.

Messieurs de la droite, qui viennent ordinairement en petit nombre aux séances du soir, excepté quand il s’agit d’affaires qui les intéressent, étaient d’abord prépondérants : heureusement que plusieurs Comités étaient alors assemblés. On ne tarda pas à se renforcer à gauche, en donnant le signal de détresse.

Les missions, les processions, les jubilés, les quarante heures vont devenir des moyens d’exalter l’imagi-