Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

152 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

fâché qu’il n'y ait pas un peu plus de moelleux et moins de sécheresse et de prétention. Mais le fond est bon, et la méthode indiquée est la seule praticable: il faut vous hâter d'indiquer le jour des assemblées, etc etc:

Les ennemis de la Constitution ne sont pas terrassés. Un point important périclite depuis trois jours : il s’agit de l'influence du roi pour l'élection des juges (1). La cause fut près d’être perdue avant-hier ; hier elle manqua d’être gagnée ; aujourd'hui elle va être décidée. Elle a été débattue, je le dirai, avec la fureur du désespoir. Le quartier de la salle qui défend, dit-il, la prérogative royale, était hier menaçant, Il fut écrasé par les raisonnements de M. Barnave, mais il devint plus redoutable pour quelques députés, qui passèrent extraordinairement de ce côté, et qui furent accueillis avec promesse de leur brûler la cervelle. Leur rage est à un degré d’exaltation difficile à peindre. Beaucoup de bons citoyens imaginent qu'on doit déférer au roi le choix sur les candidats qui lui seront proposés ; et tous ceux qui ont des espérances ou des prétentions regardent cette décision comme leur unique ressource.

Je ne sais si ceux qui regardent cette disposition comme anticonstitutionnelle, immorale, tendant à établir le despotisme des ministres, à avilir la magistrature, à substituer à l’ancienne vénalité des offices une vénalité plus odieuse et plus flétrissante, formeront le plus grand nombre. Il me tarde d’avoir la solution de ce problème.

Si vous examinez la liste des députés qui existe dans notre département, vous serez étonné de ne trouver que six députés dans notre Comité : MM. Buzot, Lemaréchal, de Cretot, Lereffait, Des Noës et moi. M. Lefebvre de Chaïlly y sera, quand il ne sera pas absent. M. Beauperrey est du département de l'Orne. MM. de la Lande,

(x) La question de savoir qui nommerait les juges commença à être discutée à la séance du $ mai. Moniteur, réimpression, IV, 289.