Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE (8 MAI 1700) 155

Lorsqu'on considère le danger de voir décider d’une manière funeste les plus importantes questions, on ne peut cesser de dire que les plus grands événements ne tiennent qu'à des petites causes. Si la noblesse et le haut clergé de Bretagne étaient ici, s'ils avaient fait quelques amis, et détaché quelqu'un du parti populaire, si quelques êtres indifférents à la chose publique ne préféraient pas leurs plaisirs aux fatigues de l’Assemblée, si quelques fanatiques n'avaient pas cru devoir s’expatrier, la majorité aurait été évidemment pour river les fers de la nation. Je ne sais si je ne vous ai pas déjà communiqué cette réflexion; mais, au risque de me répéter, je doïs avertir les bons citoyens d’être toujours à leur place et toujours sur leurs gardes : il en sera des autres Assemblées destinées à défendre la liberté, comme de celle qui l’a fondée. La malveillance, l'astuce, l’inexpérience et l'insouciance traverseront les opérations des municipalités, des districts et des départements, porteront la mésintelligence dans les assemblées primaires, dans les gardes nationales, si des citoyens pleins de zèle et de prudence, par leur assiduité et par leur courage, ne déconcertent les ennemis du bien public, et ne raniment les hommes timides ou défiants. Maintenant, après les données sur l'ordre judiciaire, on peut répondre que, si l’Assemblée nationale n’atteint pas le maximum de la justice, elle en approchera de très près. J'avais de grandes inquiétudes sur cette partie de la Constitution : j'ai un grand plaisir à vous annoncer que nous sommes sûrs aujourd'hui d’avoir de bons juges. Je regrette bien que le travail d'un code civil, d’un code criminel, etc., ne puisse être fait pendant cette législature. Il va se former des hommes dans tout le royaume, mais je doute qu’il existe jamais une législature où il règne une si grande contention d’esprit, un attachement aussi ferme aux . principes. Cependant la Constitution est peut être trop forte pour faire des lois de détail. Le courage, ia fermeté,