Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

156 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

la modération et l'humanité auraient caractérisé le code qui serait sorti d’une Assemblée qui ressemble quelquefois à une arène de gladiateurs : au milieu des cris de la fureur, la raison seule forme des résultats.

Le rapport du Comité ecclésiastique sur l’organisation du clergé se rapproche beaucoup d’un système qui vous a êté communiqué; il attire bien des gens.

Incessamment il paraîtra un décret sur les ventes des biens domaniaux et ecclésiastiques; aussitôt qu'il sera rendu, je vous l’adresserai, et vous y trouverez les formes à observer et les conditions à proposer ou à accepter. Je crois qu'il est temps que les ecclésiastiques se désabusent de l’espèrance que plusieurs ont nourrie, que les projets de spoliation ne s’exécuteraient pas. Il est temps qu'ils pensent à se concilier la bienveillance de leurs concitoyens; elle leur sera nécessaire pour obtenir, à de justes conditions, les petites propriétés qui peuvent être à leur bienséance dans l'étendue de leurs paroisses. Ils devraient être peu jaloux de s’immiscer, dans ce moment, dans les assemblées dont ils n’ont pas encore adopté l’esprit, dont ils sont suspectés de combattre les principes; ils doivent attendre que l'opinion publique les y rappelle, et leur intérêt est de s’en éloigner pour lé moment.

Une grande idée occupe l'Assemblée : l'unité des poids et mesures calculée sur des éléments invariables(1). La pureté des métaux monnayés se lie à cette question ; et, quand on songe à la nécessité d'établir l'unité entre quatre-vingt-trois départements, séparés par l’administration, on est fortement tenté de désirer l'unité des habitudes, du langage, des lois et des coutumes. (Arch. Bernay.)

(1) Séance du samedi soir 8 mai. Moniteur, réimpression, IV, 323. Décret du 8 mai 17090 sur l'unité des poids et mesures en France.