Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE (9 JUIN 1700) 179

On a été alarmé par les apparences de guerre, et par la paix entre les puissances qui se menaçaient. Si on fomente la guerre, c'est une tentative de désespoir, car je crois qu'on pardonnerait difficilement aux auteurs.

On prêta, il y a quelque temps, à la reine une réponse bién noble qu’on supposait faite au Comité des recherches de la ville: Jai fout su, j'ai tout vu, J'ai tout oublié. — Le Comité des recherches a déclaré n’avoir jamais fait la question; donc la réponse n’a pas existé.

Tous ces petits orages s'élèvent et se dissipent successivement ; il faut espérer qu'ils n’éclateront pas. Cependant on a vu plusieurs provinces alarmées par le prix et la disette factice du blé; il y a eu des soulévements qui ont occasionné l’effusion du sang. L'avidité des spéculateurs peut avoir contribué à répandre cette malheureuse opinion, autant que les manœuvres des ennemis de la chose publique.

Sije ne craignais d'abuser des moments que vous consacrez à la félicité de vos concitoyens, je vous ferais passer une copie d’un mémoire fait pour des malheureux condamnés d'Orbec; leurs lettres de commutation de peine ne sont pas encore expédiées, ce qui m'impatiente. Je crois que c'est la faute de l'humanité. |

L'humanité trouve aujourd'hui quelques singuliers défenseurs; quelques membres du clergé s'efforcent de faire participer le peuple au regret qu'ils ont d’être dépouillés, et vont s’apitoyant sur le sort des pauvres, les plaignant de ce qu’ils n’auront plus de ressources.

Voici une copie d’une lettre que certaines circonstances m'ont dictées. S'il vous reste des moments de loisir, elle Vous paraîtra conforme à l’état actuel des choses : vous ÿ trouverez un peu d'amertume. Il est impossible de ne pas éprouver un sentiment pénible, quand on est obligé de Supporter le froissement occasionné par la résistance d'une corporation à laquelle on tient, dont on ne partage pas les opinions, dont on a prévu les erreurs, et qu'on a