Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

196 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

de camp et d’une escouade de garde nationale, se sont transportés au greffe de cette cour, et feront incessamment le rappport de leur expédition.

On s'efforce de semer la terreur et la défiance pour la journée du 14 juillet. Il n’y a rien de plus extravagant que ce qui se débite. Le fait est que beaucoup de députés voudraient bien ne pas figurer à cette fête, et demandent des congés. Tousles jours il ya quelque motion saugrenue relative à ces émigrants.

Le célèbre Maury a voulu rassurer les imaginations des Parisiens. Il a déclaré qu’il n’y avait rien à craindre, car, a-t-il dit, il est vraisemblable que M. d'Orléans et moi nous y. assisterons. 6

Après cette première incartade, il a voulu prouver qu'on ne pouvait pas arrêter la procédure commencée par la cour des Aides, et renvoyée à l’élection ; il a eu beau employer l’art de s’égarer, comme lui disait un honorable membre : il n’a entraîné personne à sa suite...

Le livre des rétractations commence à se charger de souscripteurs de Nîmes, d'Uzès. Un abbé député vient de nous donner cette fête, au grand mécontentement de tous les noirs en épée ou en culotte, qui ont fait l'impossible pour l'empêcher de parler. (Papiers R. Lindet.)

CVII, — À R. Lindet. Le 3 juillet.

Mon frère, que je crains que nous ne soyons venus ici pour faire un beau rêve d’un an ou deux! Votre administration d'Evreux est fort embarrassée pour composer un directoire. Vos laboureurs ne voudront pas quitter leurs entreprises, et, quand ils en feraient le sacrifice, comment travailleraient-ils? Vos électeurs, sans doute, ont cru que nos décrets donneraient l’intelligence à ceux qui n’en ont point, l’activité à ceux qui n’ont jamais suivi les affaires. Le sort du département va donc être