Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

198 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

irritables, ils ne veulent écouter ni ceux qu'ils croient avoir la volonté de les égarer, ni ceux qu’ils soupçonnent de vouloir les diriger. I1 y a certainement un grand fonds de lumières dans l'Assemblée, une grande habitude de saisir les idées, et avec la plus grande rapidité. Cependant l'impatience est funeste, et elle va toujours croissant, par l’impudence de quelques orateurs, et par la manie de quelques autres, qui devraient être condamnés à un silence éternel. Les défauts de notre Assemblée : le tumulte, les cris, les insurrections, passeront dans les assemblées particulières ; et les membres de ces assemblées, qui ont assisté à quelques-unes de nos séances, croiront que c’est là tout le mécanisme qui tient la chose publique en mouvement. Bien des assemblées seront vraisemblablement organisées de telle manière, qu’elles ne seront guère susceptibles d’un autre genre d'action. (Papiers KR. Lindet.)

CVIII. — A R. Lindet. Paris, le 4 juillet.

Mon frère, un capitaine de vaisseau, arrivant au Havre, a déclaré avoir signalé le 28 juin, douze vaisseaux de ligne, quatorze frégates sortant de Plymouth; le reste de la flotte anglaise devait sortir le lendemain. Il avait appris que la flotte d'Espagne tenait la mer. Cette nouvelle a été envoyée par la municipalité du Havre.

M. Albert de Rioms a fait demander à se trouver à la confédération du 14. Cette motion a fait du bruit, on à décidé qu’en sa qualité de commandant de l’escadre, il s’y trouvera. Donc, la flotte n’appareïllera pas pour cette époque ; donc, l'Espagne fera seule les premiers essais de ses forces navales.

M. Camus, désespérant de nettoyer les étables d'Augias, propose de les détruire. Son système sera suivi : il y a longtemps que bien des gens n'en soupçonnent pas d'autre possible. Il est donc probable qu’au premier