Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE (4 JUILLET 1790) 199

jour on abolira toutes les pensions, sauf à recréer, suivant les principes qui seront établis, celles qui auront des fondements légitimes.

Hier, les députés de l'Eure ont été admis à la barre : ils n'ont pas lu l'adresse de leurs commettants, mais ils ont fait un compliment dont M. de la Lande, appuyé par M. de Montlosier, a demandé l'impression comme d'un modèle de brièveté, de modération et de patriotisme bien entendu et non exagéré. Personne ne s’y est opposé.

L'annonce du retour de M. d'Orléans réveille la rage de ses ennemis.

Eh bien, ma prétendue ambition a donc aussi servi à vous nuire (1). M. de Narbonne est probablement d’intelligence avec moi. Je sais bien que la haine publique sera la récompense de ceux qui auront contribué à la révolution même. Dans le cas de plus amples succès, je sais que ses plus ardents ennemis en recueilleront l'honneur et les fruits. Cela a lieu même au milieu de nous, et tel est l’enthousiasme de la multitude, que dernièrement, lors du décret de la guerre qui tenait tout Paris en alarmes, la foule porta en triomphe et manqua d'étouffer de caresses un député qui venait de voter contre le décret: que serait-ce si les rouages de cette machine n’engrenaient

pas bien?

P.-S. — Si tous les départements étaient composés comme le sont quelques-uns, si le ministère était plus habile, et n'était pas si décrié, croyez-vous qu'il fût difficile d'obtenir de chaque département des secours partiels, d'ouvrir la guerre, et alors serions-nous loin de l'issue des fameux États auxquels on nous a tant comparés? Une seule chose sauvera la France. Il n'existe

(x) Th. Lindet aurait souhaité voir son frère Robert entrer dans l’administration du département de l'Eure, soit comme président, soit comme procureur général syndic. Son désir ne fut pas réalisé, par suite de diverses cabales locales.