Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

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point d'homme assez hardi pour former un grand projet: il ne trouverait point d'agents assez discrets, et certaines provinces mettraient un obstacie irrésistible à ces tentatives. Ce ne serait pas la nôtre. (Papiers KR. Lindet.)

CIX. — Au même. Le 5 juillet 1790.

Mon frère, la formation des assemblées administratives doit inspirer de grandes inquiétudes : l’esprit public n’est pas formé; on prend des gens sans expérience, et on leur donne pour conducteurs d’anciens agents, les plus encrassés de la rouille du vieux système. Si nous ne vous donnons pas un plan d'imposition qui mette les villes et les campagnes à l’abri d’une action et d’une réaction trop violentes, je crains bien le déchirement. Ce plan n’est pas prêt. L'impôt territorial des campagnes peut s'apprécier et porter sur des bases connues : mais comment travaillera-t-on les villes? Peut-on calculer l’influence du système actuel sur le commerce, sur les manufactures, sur le luxe, sur la population des villes? Les riches propriétaires rechercheront-ils l'habitation des villes, dans lesquelles ils ne trouveront plus d'avantages, ou fuiront-ils les campagnes, dans lesquelles ils seront exposés à la grossièreté des habitants?

Les habitants de la campagne dominent donc aussi dans votre district? Je suis bien aise que vous n’en soyez pas exclu (1).

Nous sommes dans des circonstances trop périlleuses pour que ceux qui ont des lumières refusent de prêter leur lanterne aux pauvres administrateurs qui vont courir à tâtons dans des routes qu’ils ne connaissent

“x (1) R. Lindet avait été nommé administrateur, puis procureur syndic du district de Bernay, le 1er juillet 1790.