Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

202 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

CX. — Aux officiers municipaux de Bernay. Paris, le 6 juillet 1700.

Messieurs, tous les citoyens de Paris se préparent à vous donner la fête la plus brillante. Le Champ de Mars, au milieu duquel sera élevé l'autel de la patrie, fournira de la place pour trois cent mille spectateurs. L’amphithéâtre est en terre et sera solide par conséquent. Les ouvriers, inspirés par la fainéantise, ou par quelque génie ennemi de la Constitution, gagnaiïent l’argent et refusaient le travail. Les citoyens et citoyennes de Paris ont donné l'exemple du plus grand zèle. Chaque district envoie des compagnies nombreuses, précédées de tambours, la pelle sur l’épaule : hommes et femmes, tout le monde travaille. Un arc de triomphe doit être la seule décoration. L’amphithéâtre, destiné au roi, à l’Assemblée nationale, etc., sera construit en bois du côté des bâtiments de l’École militaire. Cette confédération transformera tous les Français en guerriers. Cependant, je désire qu’elle ne contribue pas à leur inspirer le goût de la guerre. On essayera de profiter de leur enthousiasme. Nous sommes dans les circonstances les plus difficiles et les plus périlleuses. On veut la guerre.

Si nous avons la paix, le pain ne manquera pas, et il sera à bas prix. Les biens nationaux se vendront, les assignats circuleront et seront retirés, la Révolution sera consolidée. Si nous avons la guerre, le blé, l'argent, les assignats et la Constitution disparaîtront. Nos administrateurs novices ne s’entendront point; les malintentionnés jetteront la division entre eux. On trouvera dans l’intérieur des ennemis plus redoutables que ceux du dehors.

Pourquoi aurions-nous la guerre? pour empêcher que les Anglais n’aillent acheter des peaux à des sauvages que nous ne connaissons point? pour empêcher les