Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE (8 JUILLET 1790) 205

cera de leur communiquer un enthousiasme guerrier; il est bon de les prévenir.

L'Assemblée nationale a craint les suites de ces mouvements brusques et rapides auxquels les Français se livrent quelquefois. La journée du 14 sera destinée à une fête, et non aux délibérations.

Ce décret sage a prévenu le danger d’une pétition qui pouvait être suggérée tendante à la guerre, d'une proclamation de Louis I, empereur des Français, qui avait fomenté dans quelques cervelles ; et MM. les noïrs, c'està-dire ceux de la noblesse, du clergé et des communes qui se mettent au côté droit, ont été infiniment satisfaits de ce décret qui les a tirés d'inquiétude, relativement à la rétractation de la déclaration qu’ils craignaient qu’on exigeât au Champ de Mars. (Arch. Bernay.)

CXI. — À R. Lindet. Le 8 juillet.

Mon frère, la guerre et tous ses fléaux s’éloignent de nos contrées. Nous avons l'espoir de n'être pas troublés-Letc. M. Necker a voulu faire le thaumaturge : il a entrepris de ressusciter les morts. Il a fait imprimer son avis au conseil en faveur de la noblesse et des armoiries : ila fait imprimer le modèle de lettre qu'il proposait au roi d'écrire à l’Assemblée. On ne lui sait pas gré d'apprendre au public que c’est lui qui écrit les lettres du monarque.

L’abbé Maury fit contre lui une motion vigoureuse, il y a quelques jours. Hier, il fut appuyé par la dénonciation d'un particulier, M. Colmard, qui offre les preuves d’une réticence de 600,000,000 (1). On voulait renvoyer la dénonciation au Comité des pensions, dont les membres sont renommés pour leur sévérité inflexible. Le parti qui de-

(1) Moniteur, réimpression, V, 81.