Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

206 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

mandait le renvoi au Comité des finances l’a emporté; le Comité financier ne trouvera pas la plus légère peccadille. Le Comité de constitution doit proposer aujourd’hui quelques amendements au décret de la suppression de la noblesse.

Chaque jour, 200,000 âmes sont sur le Champ de Mars: tout s’y passe dans le plus grand ordre. On s’y rend par compagnies accompagnées d'instruments, hommes et femmes marchent la pelle sur l'épaule. Plusieurs corporations et plusieurs quartiers prennent des costumes et des drapeaux. On a vu, avec quelque effroi, le costume des bouchers ayant un drapeau avec cette inscription : Tombeau de l'aristocratie. Si elle remue, Les bouchers sont là. On construit un pont de bateaux vis-à-vis l'École militaire. (Papiers R. Lindet,)

CXII. — Aux officiers municipaux de Bernay. Le 11 juillet 1790.

Messieurs, je reçois avec une profonde sensibilité les témoignages de votre estime et de votre attachement, dans une circonstance aussi affligeante pour moi (1). je recommande à mes concitoyens mon père, auprès duquel je ne puis remplir les devoirs du fils, parce que je remplis ici les devoirs de leur représentant. J’assisterai à la confédération ; je suivrai ensuite les mouvements de la nature; je ne dis point ce que me coûte ce sacrifice.

Les apparences de guerre paraissent s'éloigner; la crainte qu'elle ne soit votée par un grand nombre n'imposera pas, je crois, aux amis de la paix la nécessité de rester au poste fixé, pour opposer leur opinion. (Arch. Bernay.)

(1) Thomas Lindet, bourgeois de Bernay, y demeurant Grande-Rue, père du curé Th. Lindet, mourut le 12 juillet 1790; il était veuf de Marie-Anne Jouvin et âgé de quatre-vingt-trois ans.