Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

208 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

est sorti de la coulisse pour paraître sur le théâtre et en est sorti par la même porte : on eût désiré qu'il eût été à l'autel prêter son serment. C’est la faute de l’Assemblée nationale, qui elle-même n'a pas fait cette démarche. Je ne vous écris point plus de détails sur cette cérémonie, parce que j'ai eu beaucoup de noirs, et qu’une agitation continuelle depuis quelques jours ne me permet pas de m'assujettir à écrire. Je vais sortir au plus vite, car je ne puis rester chez moi. Le mouvement engourdit un sentiment pénible.

J'ai vu plusieurs de nos concitoyens. Plusieurs sont venus pendant nos séances, et j'ai été privé du plaisir de les voir.

Je voudrais et ne voudrais point aller à Bernay ; cependant, j'irai. Je ne puis prendre d'engagement pour le jour de mon départ : les impressions fortes deviennent terribles pour moi. Ménagez votre santé ; je ne suis pas sans inquiétude depuis les renseignements qu'on me donne sur votre état et sur votre régime. (Papiers R. Lindet.)

CXV. — Au même. Paris le 18 juillet.

Mon frère,vous avez vu le nouveau décret relatif aux acquisitions des municipalités (1); elles perdent la préférence sur les particuliers, et elles ne jouiront des avantages proposés que jusqu’à la mi-septembre. Toutes les pensions sont supprimées. On les paiera jusqu’à la concurrence de 600 livres jusqu'à leur rétablissement. Il sera plus aisé de les créer que de les réduire. Un nouveau décret vous étonnera, c’est celui de l’abolition du retrait lignager(2). Je crois qu'il n'était pas très urgent de rendre

(x) Il s'agit du décret du 9 juillet 17% (art. 3), concernant l’aliénation de tous les domaines nationaux. (2) Décret du 19 juillet 1790.