Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

214 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

des contre-révolutionnaires, et on annonce qu’on travaille à l'exécution du projet de Maillebois trouvé dans les papiers de M. Bonne-Savardin, qu’on a laissé échapper des prisons de l'Abbaye. M. de Condé doit être généralissime ; on craint une invasion dans le Dauphiné ou du côté de Lyon, où il y a toujours une fermentation de 3 Où 4,000 hommes en insurrection. On craint pour Avignon, et cette prétendue armée dirigée contre la France pourrait bien se rassembler dans le Comtat, et fondre sur cette malheureuse ville, et nous ne sommes pas en mesure pour la défendre.

On croit le roi de Hongrie d'accord avec la Prusse et la Turquie. Le roi de Prusse, moyennant Thorn et Dantzick, laissera Léopold entrer à main armée dans les Pays-Bas, lui donnera sa voix pour l'Empire. Le nouvel empereur cédera à la Pologne une partie de la Galicie. Belgrade sera démantelé, et une partie des conquêtes restera à l’empereur. Cette nouvelle, quoique vraisemblable et bien appuyée, a sans doute encore le grand motif de nous inquiéter par la présence d’une grande armée dans le Brabant. {

Les antipatriotesessaient jusqu’à quel point on peutfaire fermenter le mécontentement des affligés. La réforme des pensions et le nouvel ordre judiciaire augmentent beaucoup cette classe. Toutes les inquiétudes ne sont pas de nature à cesser dans ce moment, et la nation a grand besoïn de montrer une énergie qui en impose à ses ennemis du dedans et du dehors. J'espère être la semaine prochaine à portée de vous exprimer les sentiments de profond respect avec lequel j'ai l'honneur d’être. (Papiers R. Lindet.)

CXX. — À R. Lindet. Vers le 23 août.

L'affaire du Châtelet est finie. Parmi ceux qui ont été saturés de honte et d’opprobre, M. de Frondeville tient