Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

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que, si l’on cessait plus longtemps de verser les impositions dans la Caïsse nationale. On ne peut pas se dissimuler que c’est à la suspension du recouvrement des contributions, qu’on doit attribuer le renchérissement de l'argent, et la baisse des effets avec lesquels le trésor royal à toujours dû payer. Lorsque l'argent arrivera plus abondamment dans ce grand réservoir où tout le monde puise, toutes les transactions deviendront plus faciles et les échanges moins dispendieux. Je ne doute pas que les citoyens de votre ville, aubergistes et cafetiers, ne se prétent de bon cœur à payer les impositions, sur l’ancien pied, jusqu'au moment de la réforme. Je suis persuadé qu'ils se prêteront à acquitter sous des délais raisonnables leur vieux dû. Quant aux plaintes qu’ils ont à faire contre les employés, elles iront grossir l’orage qui se forme contre la gent financière.

Votre mémoire sur les droits de la vente du poisson a été renvoyé aux régisseurs généraux pour y faire réponse par écrit. J’espère qu'après la discussion ainsi établie, il y aura lieu à juger injuste une imposition confirmée provisoirement, et à révoquer cette confirmation. (Arch. Bernay.)

CXXIII. — Aux mêmes. Paris, le 21 septembre 1790.

Messieurs, les bontés dont mes concitoyens m'ont honoré pendant le séjour que j'ai fait au milieu d'eux ont accru ma dette. La reconnaissance, l’attachement, tous les sentiments les plus purs m'inspiraient le désir de rester au milieu de vous; une loi plus impérieuse encore m'a commandé de sacrifier les plaisirs personnels au devoir de coopérer au salut de la patrie et au bonheur de mon pays. Tous les projets de contre-révolution ont toujours échoué, toutes les expériences de nos ennemis ont toujours été dèçues, et leurs tentatives ont tourné contre eux :