Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE (22 SEPTEMBRE 1790) 223

nouveaux députés, pour enregistrer la déclaration du 23 juin 1789. L’on nomme les principaux agents de cette contre-révolution. Mme de Villeroy en est le premier - mobile, favec] Mme de Pardieu, M. Portier, M. Lepecq. M. de Frondeville est le correspondant, et le chevalier de Belbeuf est l’aide de camp; on annonçait son arrivée à Paris, on invitait à visiter ses papiers. Le Comité dés recherches n’a pas jugé à propos de donner des suites à cètte affaire, ou du moins il prendra quelques moyens pour éclaircir ces faits. M. de La Fayette a envoyé un aide de camp à Rouen.

Les bruits répandus dans votre contrée sur l’accaparement des blés par les parlementaires ont quelque analogie avec cette dénonciation. On ne compte pas infiniment sur le patriotisme normand; peu de villes ont paru aussi sincèrement attachées à la Constitution que celle de Bernay, et les campagnes n’ont pas encore généralement adopté des principes par conviction. Rien ne serait plus aisé que le départ de Saint-Cloud : mais je crois pouvoir prédire que tout cela n'est qu’un rêve, une folie.

Personne n’est assez sage pour ordonner un tel plan, personne n’est assez fou pour l’exécuter.

Ce bruit pourrait bien être l’avant-coureur de quelque commotion qui accompagnera la discussion finale du projet des assignats.

On fait à Rouen l’honneur d'être le foyer de la contrerévolution, Cette ville se lavera du supplice de Jeanne d'Arc par celui des démocrates, et leur sang teindra les écussons encrassés de la caste des nobles, et les robes poudreuses des gens du palais. Le jour de leur résurrection n’est pas encore fixé. C’est le pontife de Toulouse qui serà le thaumaturge : il prendra pour exorcistes Maury et Cazalès. Celui-ci est vraiment ressuscité : il a comparu hier à l'Assemblée, et aujourd’hui l'aristocratie lui donne un diner de corps à la Rapée. Le traiteur