Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

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tion, par des lenteurs qui souvent n'étaient dues qu'aux circonstances, se réserver en arrière-pensée Pespoir ou du moins l’idée que tout ceci ne tiendrait pas, et en avaient conclu peut-être qu'il ne fallait que se traîner jusqu’au dénouement ‘. Il est évident pour vous, Monsieur, ainsi que pour moi, qu'il n’y a rien de pis au monde, qu'il faut de toute nécessité prendre une marche absolument contraire sous peine de ne réussir jamais à rien; qu'on ne peut inspirer de la confiance lorsqu'on n’en montre pas, et qu'à cet égard un gouvernement quelconque ne peut pas plus en imposer à une nation voisine qu'à son propre peuple. Pardon si j'insiste autant sur ces idées, mais elles me frappent à tous les instans; et je me persuade chaque jour davantage que c'est pour ne pas les avoir senties qu’on a suscité bien des obstacles à notre révolution en laissant les nations

1 « L'intérêt du Roi, et il le pense ainsi, semble devoir être de maintenir la paix, et de laisser l’Assemblée agir comme elle le jugera convenable... ; la faction antimonarchique n'ignore point ce danger pour elle, et c'est une raison de plus pour qu’elle pousse les choses à l'extrême. Elle a donc imaginé, afin de déraciner tout ce qui resfe de l'ancien système, de solliciter l'alliance de la Grande-Bretagne et de la Prusse. C’est pourquoi l'évêque d'Autun a été envoyé à Londres, et, si je ne me trompe, il est autorisé à proposer à l'Angleterre la cession des îles de France et Bourbon, en outre de celle de l'ile de Tabago, en retour d’une alliance contre ERptren

..Le ministre de la marine s’est opposé vivement, dans le conseil, à la: mission de l'Évêque ; il en a indiqué les conséquences, et il a obtenu quelques restrictions utiles.

« Cette mission de l’évêque d'Autun a donné lieu, dans la coalition, à une espèce de schisme. Le parti Lameth et Barnave s’y oppose orteeté M. de Lessart, qui avait adopté le projet sur les observations de l'Évêque qui l'avait conçu et de ses amis, l’a abandonné sur

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