Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

A LONDRES. 77

Mais tous ces moyens réunis n’inspiraient encore qu’une grande méfiance que ma conduite et mes discours pouvaient dissiper. On se servit d’une fourberie plus fine, et l'eflet en a été tel que l'impression ne s’en est peut-être jamais bien effacée. On fit arriver de je ne sais où, par la poste, au ministère prussien, une fausse copie de mes instructions. C’est un mémoire de douze pages qui est entre les mains de M. de Schulemburg”. Je n'ai pas pu me le procurer, mais je sais qu'il contient de telles atrocités que, si le ministre ne s’y était opposé, le Roi m'aurait refusé mon audience.

Sa Majesté s'était fait un petit extrait de cette prétendue instruction, et, comme il était dans son cabinet, J'ai trouvé à la fin le moyen d’en avoir une copie que je joins à cette lettre. Vous verrez d’après cet extrait les nobles moyens dont on s'était servi pour empoisonner ma mission et pour irriter le Roi de Prusse au point de ne pas garder de ménagements avec moi.

Pour seconder ces manœuvres, le hasard a voulu qu'une personne que je ne connais pas et qui se trouvait en même temps que moi à l'auberge de Strasbourg, avait écouté et écrit une conversation que M. Dietrich, qui m'était venu voir, avait eue avec moi et l'avait apportée à un ministre, qui me l’a avoué. Cette honnête personne, que l’on dit Allemande, a entendu, comme

* « Ces prétendues instructions n'étaient que la reproduction à peu

« près littérale du plan développé par Biron à Talleyrand dans sa « lettre du 17 décembre. » V. SoreL, Loc. cit.