Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

80 MISSION DE TALLEYRAND

rangeait par là mes combinaisons. Ne pouvant rien comprendre à ce que j'éprouvais, je pris le parti de ne pas avoir l'air de m’en apercevoir. Mais, peu de jours après, je sus que le Roi avait fait défense secrète aux Reines et aux Princes, après mes audiences, de me parler et de me recevoir. Enfin, un jour, le prince Ferdinand ayant prié chez lui tout le corps diplomatique, même les chargés d’affaires, excepté moi, il me fut impossible de paraître ne pas me douter d’une conduite aussi choquante qui faisait autant de bruit et qui était si peu décente pour le caractère dont j'étais revêtu. Le prince Ferdinand me fit secrètement instruire qu'il ne l'avait pas pu et qu’il ne partageait nullement les sentiments du Roi.

Pendant ce temps, M. de Maisonneuve éprouvait tant de dégoûts, ses amis l’instruisaient si bien de lombrage qu'il inspirait, qu’il se hâta de donner ses lettres de rappel et partit.

L'un des membres du corps diplomatique avec lequel J'étais anciennement lié et une autre personne qui a beaucoup de crédit ici et d'honnêteté, me vinrent faire part de ce qu’elles avaient pu découvrir, et m’apprirent qu’on désapprouvait généralement la conduite du Roi.

le monde peut savoir qu'avant sa mission actuelle, il a été deux fois à Berlin, qu’il y a formé des liaisons qui peuvent lui être fort utiles, enfin, qu’il y est très avantageusement connu, et par son esprit, et par ses lumières, et par son habileté. »

C’est à la suite de cette audience que le bruit s'était répandu à Paris, dès le 3 février, que M. de Ségur avait tenté de se suicider.

Voir p. 86.

ns 4 ne